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Keyvan Nourian

Keyvan Nourian est motion designer 3D, et co-fondateur de River, un studio de motion design Parisien. Pointu techniquement, Keyvan manie la plume comme le pinceau pour écrire et réaliser des contenus léchés et exigeants.

Entrevue

Présentes-toi en une phrase !

Keyvan Nourian, co-fondateur avec Pierrick Selva de l’agence Studio River depuis plus de 5 ans

 

Comment en es-tu arrivé à devenir motion designer ?

J’ai toujours été passionné par l’image, déjà petit, et comme beaucoup, je jouais au réalisateur avec mon vieux caméscope. Je ne connaissais pas encore le montage et je crois que je n’avais jamais touché à un ordinateur, chaque prise succédait à l’autre et on rembobinait quand on s’était planté, le montage à la volée quoi… Je dessinais beaucoup à ce moment là, modèle vivant et bande dessinée, toujours partagé entre cinéma traditionnel et cinéma d’animation. J’ai finalement orienté mes études vers un BTS montage ou j’ai rattrapé mes lacunes en la matière. S’en suivit une licence art appliqué (toujours dans cette dualité du graphisme et de la captation réelle qui m’emmènerait plus tard et de façon assez évidente vers le motion design). Après avoir quitté mon sud natal, Toulouse, je suis monté à Paris où j’ai créé un collectif en charge de la communication d’artistes hip hop, on y faisait des jaquettes, des photos, de la sérigraphie et surtout des clips vidéos. Après deux années riches en expériences et déterminé à ne surtout pas continuer dans cette branche, j’ai intégré Gobelins ou j’ai découvert le digital et renforcé mes envies d’animation. C’est aussi là bas que j’ai découvert Flash, que j’ai appris l’action script, entre autres, et que j’ai pu faire mes premières bannières animées (ce qui se rapprochait le plus du motion design à l’époque)! Le reste de ma formation est autodidacte, je ne connaissais pas de motion designer et je n’avais pas vraiment de référent dans le domaine, il y avait peu de tutoriels et ce métier était encore en devenir. J’ai commencé à travailler en agence en tant que web designer / intégrateur et même si je pouvais y prendre du plaisir par moment je ne me voyais pas faire cela toute ma vie. J’ai alors approfondi after effects et me suis mis à la 3D. Et plutôt que de travailler sur des interfaces de sites je commençais à réaliser des présentations animées pour les réponses aux appels d’offres. Je crois que c’est là que je suis officiellement devenu motion designer. Avant ça je n’utilisais After que pour compositer mes films, faire quelques FX ou rajouter un peu d’habillage… Ce qui, étonnamment, est plus proche de mon activité d’aujourd’hui, c’est dire à quel point le motion design englobe beaucoup de chose dorénavant!

 

Considères-tu le motion design comme un métier, comme une passion ?

C’est une passion!!! Et tellement cool de pouvoir en faire son métier!

 

Quelle partie de ton travail préfères-tu, et pourquoi ?

Le design c’est la base c’est sûr, sans direction artistique l’animation n’a plus beaucoup de sens. Mais mettre en mouvement c’est ce que je préfère. C’est l’étape où j’ai l’impression de perdre le plus le contrôle et étrangement ça me plait plutôt. Quand on voit son graphisme prendre vie et découvrir de nouvelles couches de lectures que l’on n’avait pas forcément anticipé au départ. Des associations chanceuses d’images et de sons, un rythme changeant ou un compositing du moment qui enrichissent le design et lui offre sa forme originale. Ce n »est pas toujours une réussite mais c’est toujours une surprise. Je ne suis pas de ceux qui anticipent tout et qui réalisent à la perfection ce qu’ils avaient en tête, j’ai une idée oui, une forme qui se dessine mais je ne la vois vraiment que lorsqu’elle s’anime.

 

Tu as d’abord été salarié, avant de créer avec Pierrick Selva votre propre studio de motion design. Quelle a été la réflexion derrière cette envie ?

Quand on a décidé de monter notre société, j’étais arrivé au bout de ce que je pouvais faire dans mon ancienne agence, je dirigeais le pôle motion et ça marchait bien mais il nous fallait encore grandir et nos perpectives d’évolution ne dépendaient plus de moi. La question de faire du freelance ne s’est jamais posée à vrai dire. Nous avons très vite déposé les statuts et en moins de deux mois nous nous lancions dans l’entrepreneuriat. Pourquoi? Je ne sais pas vraiment, les choses se sont faites comme ça, une envie commune et une rencontre. J’avais aussi besoin d’indépendance, construire quelque chose qui serait durable dans le temps et qui pourrait fédérer d’autres personnes que moi. S’autoriser de mettre en image certaines idées sans devoir rendre de comptes, s’engager sur des paris créatifs impliquant des équipes entières, refuser des clients parce qu’ils n’ont pas l’air sympa…Et puis de faire ça à plusieurs aussi, c’est une aventure qu’il faut partager. Tout un tas de chose qui font que je ne regrette pas ce choix même si tout n’est pas toujours rose 😉

 

Tu as près de 10 ans d’expérience en motion design. Sur ces 10 ans, qu’est-ce qui te marque le plus dans l’évolution du marché ?

Ce qui m’a le plus frappé c’est l’explosion du motion il y a 4 ans environ. Encore quasi inconnu quelques années auparavant, le motion était devenu ultra tendance. Tout le monde en voulait. Et tout est allé très vite, trop vite avec le recul. On a vu des écoles poper de partout (et ça continue encore), des boîtes spécialisées dans le web ou dans la communication print qui proposaient subitement des prestations vidéos, de plus en plus d’annonceurs ouvrir des départements motion au sein de leurs services… C’était dingue et gratifiant à la fois car notre métier prenait du sens et donc de la valeur. Et bien que la discipline demeurait encore floue pour beaucoup, le motion était devenu l’élément incontournable d’une communication digne de ce nom.
Malheureusement, et comme souvent, quand la croissance est trop rapide la chute l’est tout autant. Et je ne prétends pas connaître les raisons à cela…Mais on assiste aujourd’hui à une dévaluation progressive de notre métier. Certes la conjoncture actuelle n’aide pas, bien au contraire mais je pense toutefois que la méconnaissance de notre discipline (résultant d’une croissance hyper-rapide) et la concurrence déloyale (du motion à prix cassé) ont grandement participé de cette dégringolade. La démultiplication des supports ne favorisent pas non plus la production de qualité. Malgrè tout je reste convaincu que notre métier va finir par trouver son équilibre et s’inscrire dans la durée, c’est une question de temps et de pas mal de pédagogie.

 

Vous venez de produire un manifesto comprenant un nombre impressionnant de mini-scènes 3D avec chacune leur propre DA, leur propre animation … Comment est-ce qu’on appréhende ce genre de projets et surtout, comment on arrive au bout ?

Cette année on était sponsor de la Motion Plus design et comme pour chaque sponsor on devait livrer une petite présentation vidéo de notre studio. Mais plutôt que de proposer un énième showreel sur la base de références clients nous préférions produire un film unique construit autour d’un storytelling et d’expérimentations artistiques personnelles.
Nous avons alors envisagé l’écriture d’un format vidéo court, découpé à la manière d’un showreel, pour en conserver le rythme et la forme, mais composé de plans exclusivement élaborés pour l’occasion. Chaque plan serait nourri par une direction artistique différente et pensé pour illustrer les différentes baselines de l’agence. L’idée était de proposer une approche plus authentique de la bande démo, avec le décalage humoristique qui nous caractérise, mais aussi de se moquer un peu de nous, des présupposés et des clichés de notre domaine.
J’ai conçu cette vidéo comme un laboratoire d’expérimentations, chaque plan nous permettant de travailler à partir de nouvelles techniques ou autour d’une direction artistique différente. C’était hyper intéressant et un peu schizophrénique à la fois. Pendant deux mois, je passais d’un plan à l’autre, d’un univers ou d’une technique à l’autre sans respecter de chronologie narrative, tout en essayant de conserver tant bien que mal une certaine harmonie chromatique. La voix me guidait mais elle est arrivée sur le tard, confinement oblige. Du coup ce n’était pas évident… Il y a eu certains moments de doutes ou je me demandais pourquoi je m’étais lancé dans cette galère, un rythme bien trop soutenu, beaucoup trop de plans, on ne pourrait capitaliser sur aucun d’entre eux et les spectateurs n’auraient pas le temps de les apprécier. J’avoue que j’avais assez peur du flop, c’est quand même un format un peu bizarre et je me disais, autant de boulot pour s’entendre dire « ouais c’est pas mal mais ça va vite quand même… » ça fout les boules. Mais bon, c’était l’idée et il fallait s’y tenir. L’équipe a super bien bossé, on est content du résultat, on s’est marré et c’est ce qui compte 😉

 

Quels sont les plans d’avenir pour River ? Et quels sont tes plans pour ta place dans le studio ?

On cherche à emmener River vers plus de storytelling. Produire des contenus en carte blanches, nous travaillons de plus en plus avec l’international et nous aimerions développer encore plus la partie live action. A titre personnel je ne sais pas encore, l’avenir me le dira. Il est difficile de gérer une boite et d’être à la fois à la production, c’est une réalité. Mais c’est très difficile de renoncer à la créa, je pense qu’à terme je me concentrerais plus sur de la réal et de l’écriture et un peu moins sur le motion, mais comme je disais c’est un peu tôt pour se prononcer :). Pour l’instant j’ai envie de continuer à expérimenter pleins de nouvelles choses.

 

Sur un plan personnel, quel serait le projet de tes rêves ?

Il y a pas mal de choses mais je dirais réaliser un long-métrage de SF sur la base d’un scénario personnel ou co-écrit avec mon associé!! On parle de rêve là 🙂 On a pas mal de projets en cours d’écriture avec un peu moins d’ambition mais qui, je l’espère, verront le jour.

 

Un conseil que tu essaies de t’appliquer à toi-même ?

Si tu aimes ce que tu fais, il y aura forcément quelqu’un qui aimera aussi !
Alors faut rien lâcher.

Propos recueillis en Septembre 2020

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Francis
https://motiondesign.tv
Salut, je suis motion designer freelance et comme j'en avais marre d'être tout seul, j'ai invité des gens dans des bars ! A bientôt aux alcooliques anonymes !

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