Fanny Rollot est motion designer 3D. Techniques et précis, ses visuels aux parfums acidulés donnent la pêche, via des animations fluides et des couleurs pastel. Découvrez son travail au travers de notre entrevue !
Hello Fanny ! Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Fanny Rollot, j’ai 32 ans et je vis à Paris. Je suis motion designer 3D et directrice artistique.
Comment en es-tu arrivée à devenir motion designer ?
Un petit peu à tâtons. En sortant du lycée, je savais juste que je voulais travailler dans un domaine lié à l’image numérique, mais tout était très abstrait pour moi.
Je suis allée en Belgique, à Namur, suivre un bachelor « techniques infographiques – Spécialité Animation 3D » à l’HEAJ. L’avantage de ce cursus c’est qu’il est ouvert à tout le monde, sans concours d’entrée et que la première année permet de toucher à tous les métiers infographiques avant de se spécialiser dans un domaine particulier.
En 3ème année, j’ai fait un stage dans un studio de motion design. C’est à ce moment là que je me suis éloignée de la formation « film d’animation 3D » de l’école pour explorer les différentes techniques du motion design.
Une fois diplômée je me suis mise en freelance, et ça n’a pas changé depuis. J’ai d’abord travaillé avec des studios de broadcast design/habillage tv. Puis une période axée sur la mapping et l’évènementiel. Et maintenant principalement publicité…
Tes réseaux sociaux présentent essentiellement des réalisations 3D. Pourquoi t’es tu tournée vers la 3D plutôt que la 2D ?
Ce qui me plait avec la 3D et le volume en général, c’est le côté presque tangible, immersif que ça apporte. Et puis la partie technique de la 3D m’amuse, c’est mon côté geek.
Quels logiciels utilises-tu ? Y-a-t-il un indispensable selon toi ?
Cinema 4D à fond, c’est l’environnement dans lequel je suis le plus à l’aise pour travailler ! J’ai été formée sous 3dsmax alors… quand j’ai découvert C4D, ça a été un grand moment ! Octane pour la partie rendus, hyper simple à appréhender. C’est à peu près tout… J’ai travaillé dans pas mal de studios où c’était compliqué d’installer des plugins externes, alors je me concentre sur les fondamentaux.
Tes designs sont très graphiques, il me semble que beaucoup pourraient aussi être des animations 2D. T’inspires-tu de la 2D dans ton travail 3D ? Quelles sont tes sources d’inspirations en général ? Y-a-t-il un artiste qui t’influence en particulier ?
C’est vrai que je suis énormément d’artistes 2D. En réalité, ce qui m’importe le plus, c’est l’animation et la réalisation. Les enchainements de plans, le dynamisme d’une vidéo. Les motions designers 2D sont de très bonnes sources d’inspiration ! Le fait de choisir la 3D, c’est l’emballage, c’est une question de goûts.
Il y a un site que je suis depuis 10 ans : Abduzeedo. C’est une plateforme d’inspiration très complète, qui brasse énormément d’univers. J’aime aussi bien regarder un process de design de produits, qu’un court-métrage d’animation. C’est important pour moi de regarder des choses en dehors de mon domaine créatif. Ça m’apporte de nouveaux points de vue.
Considères-tu le motion design comme un métier ? Comme une passion ? Ou les deux, dans le sens ou il faut savoir tracer une ligne entre projets personnels et professionnels ?
Pour moi c’est définitivement les deux. Sur les projets personnels, j’expérimente beaucoup plus, j’apprends de nouvelles techniques, j’explore de nouveaux univers graphiques. Il n’y a pas toujours de but à mes vidéos personnelles. Je pense qu’il faut se servir de tous nos projets personnels pour enrichir nos univers graphiques. Et en définitive c’est grâce à mes projets persos que les studios/agences me repèrent.
Mais les projets pros eux doivent remplir les objectifs d’un client. Être capable de répondre à un cahier des charges est totalement différent.
Le motion design est un métier en évolution rapide et permanente. Comment vois-tu l’avenir du secteur dans les prochaines années ? Te sens-tu parfois pressurisée par la vitesse ou le marché évolue et si oui, as-tu un conseil pour apaiser cette pression ?
C’est vrai qu’il y a de plus en plus de nouveaux logiciels et nouvelles techniques qui sortent. C’est une grande part de notre métier que de continuer à se former. Mais je pense que la technique ou le logiciel utilisé n’est pas si important. Ce qui est fondamental, c’est notre capacité en tant que designer, à solutionner de manière créative les besoins d’un client.
Sur un plan personnel, quel serait ton « dream project » ? Y-a-t-il quelque chose en particulier vers lequel tu souhaites évoluer ?
J’aimerais beaucoup faire un clip.
Tes projets sont très aboutis, que ce soit graphiquement, au niveau de l’animation, ou techniquement. Quelle partie du travail préfères-tu et pourquoi ? Penses-tu que l’une soit plus importante que les autres ?
Ce que je préfère avec le motion design, c’est qu’on varie énormément les tâches. Je me lasse très vite quand je travaille. Passer un mois uniquement sur de l’animation ou du rendu, c’est impossible pour moi. En étant motion designer je peux faire un peu de tout !
Quel est ton travail dont tu es la plus fière et pourquoi ?
Gummy Vapormax (ndr cf. video en tête de page). Parce que je l’ai fait à un moment où j’avais besoin de me challenger techniquement, et montrer le genre de projets sur lesquels je voulais travailler dans le futur. J’essaie de développer un univers assez frais et ludique. Et c’est ce projet qui m’a lancée sur la voie.
Buck a récemment partagé ton travail sur instagram, félicitations !! Penses-tu que les réseaux sociaux jouent un role important dans la carrière d’un motion designer aujourd’hui ? Te concentre-tu personnellement la dessus, et as- tu déjà rencontré des clients par ce biais ?
Merci ! C’était une très belle surprise et super gratifiant d’avoir son travail partagé par Buck. Les réseaux sociaux sont un très bon moyen d’être visible et de montrer son univers graphique. Presque tous mes clients m’ont repérée grâce aux réseaux sociaux. C’est un super outil, je m’en sers comme une extension d’un site web.
Pour finir, as-tu une leçon apprise dans l’exercice de ton travail à nous partager ? Ou un conseil que tu essaies de t’appliquer à toi-même ?
Ne pas attendre le client pour faire les projets qu’on a envie de réaliser. Personne ne peut deviner ce que tu sais faire ou ce que tu es capable de faire. Les clients appellent souvent parce qu’ils ont vu un de mes projets qui pourrait s’inscrire dans l’univers du projet sur lequel ils sont en train de travailler.
Propos recueillis en Juillet 2020
Fanny a souhaité rester discrète et ne pas enregistrer d’entrevue vidéo. C’est pourquoi elle n’est pas en catégorie « motion designer du mois ». Elle y aurait, bien sur, toute sa place !